Quelle drôle d'idée que ce sobriquet de Chat Noir pour un pêcheur … pas trés encourageant tout ça. Et pourtant, ne vous est-il jamais arrivé de vous demander pourquoi trop souvent quand vous faites quelque chose rien ne va comme vous l'aviez prévu?
Alors sans doute n'étes vous pas un Chat Noir.
Un Appareil neuf qui ne fonctionne pas, un logiciel qui bugue, un vêtement pas à votre taille …. ou pire, les aléas climatiques.
Ah, les soucis météo au bord de l'eau. Sans parler des chutes, des pertes de clés, les bris de matériels …
Ça y est, ça vous revient. Vous vous dites : "Ouais, je connais … ". Certes, j'espère ne pas être le seul à qui il arrive ces choses … Mais quand tout arrive à une seule et même personne … et ce ne sont que des histoires de pêche. Toutes aussi vraies les unes que les autres, foi de Chat Noir .
Même si par moment je me permets quelques libertés avec le "continuum espace-temps" voici donc contèe …La véritable histoire vraie d'un Chat Noir au bord de l'eau.
Bien que je commence à me faire un nom au doux royaume de La Guigne, ce qui fait la réputation d’un Chat Noir, c’est l’influence qu’il peut avoir sur la météo…Ou le contraire…A vous de juger. Mes mésaventures climatiques sont tellement fréquentes et nombreuses que je n’y fais même plus attention. J’aurais dû rencontrer Evelyne Dheliat, on aurait pu faire des trucs ensemble … ou Sophie Davant … mais aprés !!!
J’ai parfois l’impression d’avoir un nuage en permanence au dessus de la tête ou un coup de vent qui me souffle par dessus l’épaule, là, juste dans le cou.
Le vent est l'ennemi du pécheur à la mouche et la pluie celui de la mouche sèche…mais pas de la mouche noyée.
Pour aller sur mes coins de pêche, je ne fais parfois que 15 km. Et à 15 km prés je tombe sur un microclimat. Parfois je me dis que j’aurais dû choisir « planche à voile » comme loisirs ou de pêcher en rivière souterraine… Mais bof. Ça fait partie du personnage. Quand il ne se passe rien, c’est ennuyeux. Et la météo est une merveilleuse excuse à bredouille !!!
Par une chaude journée d’août, avec mes habituels compagnons de pêche, nous décidons d’aller faire le coup du soir. Connaissant bien la région je leur propose un petit coin sympa au fin fond du bout du bout du monde le plus reculé du trou du cul de l’Ardèche…le village de Borne.
C’est pas du tout un jugement de valeur, c’est magnifique…loin…isolé… magnifiquement beau…mais faut vouloir y aller…et en revenir !
Après 1h de route à travers les genets puis les châtaigniers puis les cailloux, nous arrivons au sommet du Tanargue…le mont du tonnerre…1200m tout prés des éclairs.
Le temps commence à virer. De gros cumulus se forment, l’atmosphère se charge. En clair ça commence à craindre. Le temps tourne vite en montagne, disent les anciens.
Mais il en faut plus pour décourager nos zigotos.
Et nous voilà engagés sur la petite route qui descend à Borne.
Plus ça va, moins ça va. Le vent se lève, le soleil se couche, le plafond descend, les eaux montent et le ciel se teinte de gris de plus en plus foncé, puis de noir.
Un zèbre traverse le ciel, puis un deuxième…sans doute une femelle.
On est à moins de 200m du village, dans l’un des derniers lacets qui surplombe la vallée quand je suis obligé de stopper la voiture face au déluge. Le tonnerre claque et résonne en échos dans la vallée …un vrai rideau d'eau…Ridodo…riz,dodo !!!
Il fallait bien que ça arrive…il y en a un qui claque plus fort et plus près que les autres. Comme quand tu ne sais plus qui du tonnerre ou de l’éclair arrive en premier !
Juste face à nous, à peine à 500m, la foudre s’abat et embrase les genets. On se regarde comme des couillons. Fait quoi là ?
La lande brûlera sur quelques dizaines de m². La flotte tombait avec une telle intensité qu’elle aura vite eu raison des flammes. Mais quelle trouille.
La remontée fut…tranquille. Arrivés à la maison, les 2 abrutis (que j’adore) eurent vite fait de tout me mettre sur le dos en me traitant de mauvais guide de pêche et de Chat Noir.
Régulièrement pendant ces mois d’été nous allions en famille au bord de l’eau pécher la friture. A quelques km des chez Tonton.
Sous le magnifique village de Balazuc, en cul de radier se concentrent goujons ablettes et spirlins. Nous garions la voiture au pied des falaises et prenions le sentier du viel Audon avant de bifurquer vers la rivière au bout de 200m. Au total 500m de marche. Un gros effort pour ce mois d’août !
Nous arrivions sur les rives de l’Ardèche le matin de bonne heure afin d’éviter le flot des canoës qui perturbe plus le pêcheur que le poisson et replions les gaules vers 10h la chaleur commençant à plomber…notre moral, tout autant que les réflexions des grands navigateurs !
Mais ce jour là le temps etait moins installé. De gros cumulus semblaient vouloir déjà se former dés 9h. Le temps était lourd, les mouches collaient. Seuls les canoéistes étaient égaux à leur réputation.
La pêche n’était pas très productive. L'apéro s'annonçait triste avec si peu de friture !!!
Bêtement, je commençai à plier les gaules. Les autres comprirent trés vite que le 6eme sens du Chat Noir avait senti une tournure bizarre pour la suite des évènements.
Vous vous rappelez comment ça fait quand l’orage approche…le ciel, les zèbres et tout et tout…Ben là pareil !
Après moult miaulements pour rassembler les chatons, j’organisai la débâcle…à fond en courant vers l’auto. Ça grimpe sec avant qu’on ne se mouille ! (Ne cherchez pas c’est pas une contrepèterie)
Nous avons juste eu le temps de nous mettre à l’abri dans la voiture qu’un orage de grêle nous servit les glaçons. Mais sur ce coup là nous avions 5 mn d’avance sur la débandade générale de la centaine de baigneurs qui avaient pris place sur la plage…et ça compte en cas d’exode !
Pour ceux qui ne connaissent pas Balazuc, magnifique petit village médiéval, je préciserais que les voies d’accès sont très étroites. Donc pour éviter d’être bloqués par les autos qui n’allaient pas tarder à se trouver coincées dans tous les sens j’ai préféré franchir le pont à une voie et faire un détour de quelques km…toujours sous la grêle.
Quel orage mes chatons, mais l’essentiel était d’arriver à l'heure pour l’apéro.
Parce que, voyez vous, la pêche reste une activité conviviale rythmée par les heures des repas. Chaque année je pars donc une semaine pêcher dans les Pyrénées avec des amis. Une semaine, que des pêcheurs, que pour la pêche…et la bonne bouffe…et le bon vin qui va avec, l’un de nos acolytes étant vigneron dans les Corbières.
Cette année là nous avions loués un gîte pour 8 personnes prés de Limoux dans la vallée de l’Aude, non loin des gorges de Pierre lys.
Une semaine à sillonner, à écumer les rivières du quartier.
Parmi nous il y a un vieux pêcheur, Edmond, ancien instituteur de Cucugnan, grand pêcheur devant l’éternel. Grand casseur de poissons également. On ne se refait pas à 75 ans.
Son plaisir, ce n’est plus de faire du poisson. Non, son vrai plaisir, c’est la grosse du pont, ou celle de la chaussée sous le barrage ou celle de la murette le long de la route. Mais je ne sais toujours pas si, à son age il est plus attiré par la grosse truite ou par la proximité de la voiture.
A chaque séjour, immanquablement il fait des pieds et des mains pour qu’on le monte en lac de montagne. C’est le plus souvent des pêcheries organisées, pas les lacs de montagne comme je les imagine. Ça ne m’a jamais emballé.
Mais cette année là il insiste pour que je monte. Faut dire que les volontaires ne sont pas légion. Le choix du lac lui appartient. Il a toujours un copain de pêche qui c’est fait casser quelque part.
Et nous voilà parti à 3 vers le lac du barrage de Puyvalador, au source de l’Aude.
Plus on monte et plus on approche du plafond. C’est physique. Ensuite on traverse le plafond…Marcel Aymé avait écrit un truc la dessus me semble t’il…
Mais ce jour là le plafond est épais. Impossible à traverser. Arrivé là haut …on y est en plein dedans. Il y a même un lac…parait-il.
On fait le tour pour aller vers un coin secret connu d’Edmond. Mais à 75 ans la mémoire…et les routes changent. Après quelques demi tours on finit par voir un sentier qui devrait nous mener au lac.
Enfin, de l’eau. Enfin…de l’eau ? Il faut un peu d’imagination car la brume est grasse.
A peine le temps de poser les valises qu’Edmond a déjà monté 2 cannes. Moi, tranquille, je ferai les berges, la canne à mouche à la main à essayer d’imaginer voir un hypothétique gobage. C’est terrible le brouillard à la pêche. Ça te fout même la trouille de mettre les pieds dans l’eau par crainte de ne pas voir le fond !!!
Je rentre rapidement au camp de base. Dian Fossey cherchait ces gorilles dans la brume. Edmond avait fait une truite de 23cm relachée en no-kill dans les fourrés avant de partir au village s’assurer que la maille n’était pas de 25 cm !!!
Les truites ne sont pas mordeuses dans le brouillard. Pour calmer ses gorilles, Dian leur racontait des histoires de Chats Noirs. Les rivières devaient être belles dans la vallée.
Demain peut-être, Edmond fera la grosse du pont ?
Mais il fallait rentrer à la maison …. En Ardèche, là où le vent est une constante. Ici, un jour sans vent c’est comme…un jour sans vent.
Les vieux disent :"Ouep si y’a pad’vent ben y pleut. " Ce qui est largement exagéré car il vente aussi par temps de pluie.
Ce jour là il ne ventait pas. Mais à 6h30, c’est un poil bonne heure pour savoir de quel coté le vent va souffler. J’aurais malgré tout dû me méfier. Dans ce virage, au col, les arbres bougeaient bel et bien. D’habitude ces signes là je les voyais. Mais ce matin, la tête dans le…guidon du volant de la voiture, j’ai pas fais gaffe. Un petit coup de mou.
Nous étions trois pécheurs pour un parcours escarpé, limite varappe par moment.
Habillage, montage des cannes, approche. La route puis le sentier à travers la châtaigneraie sans doute multi centenaire puis la draille à sangliers qui glisse plus qu’elle ne descend jusqu'à la rivière.
Là, le calme est à peine troublé par les gobages des truitelles. Nous attaquons calmement, tranquille jusqu’au trou noir. Ce trou, c’est un peu comme en astronomie, tu n'en vois pas le fond, tu as l’impression que tout ce qui y entre n'en sortira jamais. 5 à 6m de profond entre 2 parois rocheuses, un courant qui vient plaquer ta mouche sur les bordures, des volutes d’eau, des courants d’air rendant la précision aléatoire. Nous ne ferons que des ratailles de 10 cm.
Pour sortir de là, deux options s’offre à nous. Soit faire demi tour pour se taper un dénivelé de 15 m pour replonger en amont du trou soit continuer en se servant de la corde qui pendouille contre la paroi opposée. C’est l’option choisie. Soyons fous !
Les jeunes passent devant, et moi tel le berger qui surveille son troupeau…je balise en pensant à l'âge de la corde.
Tout ce passa sans encombre…Jusqu’au moment où je sortis la tête du rocher en fin d’escalade, une violente bourrasque me plaqua contre la paroi, comme si le vent avait attendu de vérifier que c’était bien moi pour mettre en route le ventilateur. Ils étaient là , à 20m de moi, pliés en deux, mort de rire.
S’en était fini de cette belle matinée. Le vent ne fit qu’augmenter, charriant les feuilles mortes accumulées depuis l’automne. Ça a tendance à caler les truites toute cette chlorophylle dans l’eau !
Sur la route du retour il nous fallut déplacer un arbre tombé sur la chaussée.
Les vieux disent que par grand vent la pluie ne tombe pas…La pluie non…
Il faut bien clore l'épisode météo…quoi que…j’ai comme la vague impression qu'il restera ouvert à jamais. J’ai du mal à imaginer une année sans orage, grand vent ou simple pluie. Je n’ai pas finis de vous faire un petit récit sur les divers aléas météo tout au long d'une saison.
De nos jours, sans voiture nous sommes perdus, pauvres petits citadins que nous sommes presque tous.
Ne serait-ce que pour aller pêcher. Et pour en revenir aussi?
Belle journée que cette journée de pêche du mois d'aout. Nous étions partis à trois pour la matinée. Comme d'habitude nous nous étions égrainés tout au long du parcours pour nous retrouver à la voiture vers 11h.
Les truites n'étaient pas joueuses, les baigneurs étaient dans l'eau de bonne heure … un vrai plaisir.
Nous étions en avance pour le pique nique prévu en famille. Pour passer le temps mes compagnons eurent la merveilleuse idée de vouloir prendre la petite route de crête ardéchoise qui surplombe la vallée de la Drobie au dessus de Sablière.
Je n'étais pas chaud, conduire sur ces petites routes…
" Ouais mais tu verras, c'est chouette, la vue est magnifique et y'a moins de couillons "
Mais il y en avais au moins un au volant de ma voiture. J'avais malgré tout un doute sur mes deux passagers !!!
Ah, ça leurs plaisait, la route touristique. Moi, les yeux rivés à la route. Le talus sur la gauche n'était rien comparé au caniveau de 100 m de profond sur la droite !!!
Léger virage à gauche … voiture jaune … le facteur … freiiiiiiiine … merde … merde … meeerde …
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiih … SCHPONG !
Ah ben elle va beaucoup moins bien marcher la voiture maintenant !
Ce qu'il y avait de bien à cette époque avec les PTT c'est que les constats étaient vite fait puisqu'ils étaient leur propre assureur.
Pour le coup c'était une factrice.
Qu'est-ce que ça peut pleurer, une factrice.
Sa voiture n'avançait plus, le courrier non plus d'ailleurs.
Salle journée.
C'est marrant comme en amitié on ne partage pas forcement la même perception des problèmes. Ça les faisait rire. Tout simplement rire.
J'ai raccompagné la dame à sa poste et je suis rentré, dégouté.
Le pique-nique … Moi qui mange tant d'habitude, je n'avais plus trés faim.
Tords partagés qu'ils ont dit à l'assurance !
Belle journée pour une rencontre.
Mes tracasseries mécaniques ne faisaient que commencer …
C'est lors d'une petite partie de pêche sympa durant une matinée " gibouleuse " (vous savez, ces petites boules de glace et de neige mélangée qui vous giflent les joues au mois de Mars) sur un affluent de La Baume toujours en Ardèche que le sort continua à s'acharner.
Midi sonnait à mon estomac. Bientôt le pont submersible puis la route puis l'auto … Manger.
J'avais trop faim. J'ouvris la voiture, jettas mon gilet au sol et tiras le repas du sac.
Me caler contre le pneu arrière pour me protéger du vent et manger … vite, très vite.
Il faisait froid morbleu.
Une fois rassasié, je rangeai tout le bazar, fermai la voiture, remis mon gilet.
C'est reparti mon kiki.
Fin de partie et retour à la voiture quelques heures plus tard … les clés … LES CLÉS
Mais où sont ces P…N de clés.
Je cherchai partout, le gilet, les waders, tour de voiture dans un sens, dans l'autre … rien, nada, le vide, le néant.
Ouuuuuuuuuuh.
"Peut-être je les ai oubliées dedans. M'en vais casser cette vitre là, pas trop grosse. "
Clink … porte ouverte … Rien, nada euh je vous l'ai déjà fait ?
Chance, un autochtone.
-'jour môsieu, perdu mes clés.
-Ben v'nez don.
Il m'emmènera chez lui, puis chez un de mes amis à 20km de là.
J'ai pu appeler mon frère qui habitait à 80km pour qu'il récupère le double des clés chez ma mère (qu'est-ce qu'elles faisaient là bas … pas ma mère, mes clès ?) et me les monte dans la soirée pour que je puisse récupérer l'auto … vous m'avez suivi ?
C'était au alentour du 1er avril … mais j'ai du attendre quelques semaines avant d'avouer à Ti-Frère que quelques jours après, en vidant mes affaires de pêche et en faisant tomber mon gilet, j'ai entendu un bruit bizarre, comme un tintement, un clink …
Après avoir fermer la voiture, j'avais mis les clés dans la poche dorsale du gilet, vous savez, celle qui se ferme avec une fermeture éclair !
Vous connaissez des pêcheurs qui mettent leurs clés dans cette poche? …NON ?
Alors pourquoi j'aurais fouillé celle là ?
Le Chat Noir retombe toujours sur ces pattes.
Les histoires ne se terminent pas toutes mal … en général !!!
Depuis la pseudo-perte de mes clés j'utilise un mousqueton pour suspendre celles-ci à un anneau de mon gilet.
Les piles de la télécommande de l'ouverture à distance n'aiment pas trop quand je prends un bain forcé ou en cas de wading limite mais Ti-Frère s'en fout !!! Il a retenu la leçon. Moi aussi.
Ainsi, après une longue partie de pêche, sur le chemin du retour machinalement je tripote mes clés? MES CLÉS … oh non … On me l'a pas déjà fait dans une autre vie ?
" T'in, c'est pas vrai, encore … Pas possible, pas avec le mousqueton … Vais pas me retaper tout le parcours à pieds."
Plus j'approchais de la voiture, plus cette histoire me semblait démoniaque. Je veux bien être chat noir mais à ce point là … y'a un truc. C'est pour la caméra invisible ???
Tant pis, je rejoins la voiture, on avisera sur place.
"Voiture à 100m Cap'tain … Il me semble voir un truc rouge qui pendouille à la porte arrière, comme un gros porte-clé rouge que j'ai … "
Oups … Quel con !!!
Et personne n'a rien vu ?
Tant mieux, ça passera inaperçu !
Surtout ne rien raconter à personne … vont encore se foutre de ma gueule !!! Pas un mot, pas une trace sur internet …
Et les parties de pêche s'enchainaient d'année en année, rythmées pas les ouvertures comme ce matin là …
Ce que je recherche à l'ouverture, c'est la convivialité.
Avec les cousins nous avions prévu de pêcher tous les 4 ensemble. C'est dur à gérer, mais une fois que tu as le parcours adéquat tu n'as plus à partager le foie gras du casse-croute en 4 avant le départ!!!
Et nous voilà partis dans les gorges de La Beaume. Quelques poissons, sans plus, et le petit bisou pour la toute première de la saison !!!
C'est une journée d'ouverture, de retrouvailles avec la rivière, avec les poissons, histoire de voir si on se rappelle de leur prénom !
Mais à 4 le parcours est vite fait.
Nous nous retrouvons à la voiture vers 10h. L'heure du casse-croute, mais trop tôt pour arrêter la pêche.
Nous décidons donc de changer de coin.
4 pêcheurs équipés de waders dans une Seat ça fait " la famille Bibendum part à la pêche !!! "
Nous arrivons tant bien que mal à nous caser dans la boite …
Avant le pont, quelque voitures arrêtées … dont une estafette bleue …
Et merde les bleus … pas de ceinture … pas commode à mettre avec les waders …
Dans la file d'attente, il n'y avait QUE des pêcheurs, à un carrefour stratégique pour un jour d'ouverture.
Les uns sans ceinture, d'autres sans papier …
Ça m'a couté un point et 90Fr (à l'époque).
Le gendarme m'a fait remarquer que je pouvais m'estimer heureux, il ne comptait que MA ceinture …
On ne lui fera pas gouter le foie gras.
Ce que j'aime le plus à l'ouverture, c'est la convivialité …
Vous reprendrez bien un peu de pâté …
Car là, c'est du gros, du lourd et rien que du vrai. Promis, juré, craché.
A l'occasion de deux jours de repos dans la semaine je décide de partir de suite aprés le boulot pour mon point de chute ardéchois " chez Tonton ".
Il faisait un temps magnifique, une de ces belles journées de printemps qui vous oblige à rouler avec la clim … c'est-à-dire en ouvrant toutes les fenêtres de ma vieille Polo.
Je décide de partir directement pour mon coin de pêche sans décharger mes affaires chez tonton. Les bords de routes ardéchoises ne sont pas très fréquentés en cette fin de printemps. Ça ne craint pas grand-chose.
Et me voici au bord de mon ruisseau fétiche de l'époque, à me préparer … monter la canne … et c'est parti par le petit sentier qui me mène à la rivière.
Il ne faut pas longtemps pour accéder aux rives de ce parcours un peu encaissé. Au bout de quelques dizaines de minutes de pêche, machinalement je jette un coup d'oeil vers la voiture juste au dessus de moi.
"Tient, la marée chaussée !!! Quoiquelveut ? Bof, y doivent vérifier la voiture, si pas volée? "
Pas tranquille quand même le Chat Noir !
" Tient y passent avec mon fourreau de canne. Qu'est-c'est ce binz ! hum, va voir môa. "
Et me voici remontant vers la voiture en petite foulée.
-Jour m'sieu l'agent, quoi quia.
-Ta vous s'toto.
-Voui, ya blème.
-Ben voui, la fenêt' passager est ouverte. On commençait à met' vot'e matèriel en sécurité.
(Ben voyons … bon admettons.) Me dis-je en apartè !!!
-Papiers du véhicule, permis de conduire.
– …
-Pas bien pas fermer les fenêt'. C'est tentation, aprés on s'étonne …
Et patali et patala
Aprés un passage de la voiture à la moulinette, une recherche dans les fichiers des autos volées, du grand banditisme, des délinquants sexuels j'obtiendrai la libertè conditionnelle …
J'ai récupéré mon matos. Avant de partir le gendarme me demande ironiquement.
"Et j'espère que vous avez votre permis de pêche ? "
Arf !! Très drôle … mort de rire. Quel boute en train.
Maintenant imagines, ami lecteur … je ne vois pas l'estafette … je reviens à la voiture en fin de partie de pêche … Meeeeeeeeeeerde mes affaires … la fenêtre ouverte … tant pis, je casse la vitre et je vais faire une déclaration de vol à la gendarmerie … sic
Et pour la garde à vue, ça peut pas attendre la fin de mes repos m'sieu l'agent …
Depuis ce jour là je me suis juré de ne plus jamais mentir aux gendarmes !!!
Malgré ça je repris ma partie de pêche, histoire de parfaire mon entrainement physique .
Car ne l’oublions pas, la pêche est une activité sportive (si, si). Ceci entraîne d'ailleurs des chutes et bobos en tout genre.
Les histoires de pêche racontent souvent quelques exploits de quelques cascadeurs…Je n’ai pas l’impression d’être plus surexposé que le commun des pêcheurs…mais tout de même !
Le jour de l’ouverture est la renaissance du pêcheur…aucune ne ressemble aux précédentes…C’est parfois mieux ainsi.
Il faisait beau pourtant ce jour là. Ce n’était pas Samedi car je travaillais pour le week-end de l’ouverture, mais peu importe, c’était mon ouverture. Une ouverture en semaine c’est moins de trafic sur les berges, des poissons moins dérangés, des parcours plus longs. J’avais prévu le casse-croûte, le petit sac à dos isotherme pour ne pas avoir à revenir à la voiture. Une journée au bord de l’eau.
Ces journée de mars ne sont pas les meilleures pour pêcher à la mouche, mais en étant au bord de l’eau entre 14 et 16h on peut assister à quelques éclosions puis quelques gobages et pourquoi pas quelques poissons. Ah la première truite de la saison…elle ne repart JAMAIS à l’eau…avant un gros bisou sur le museau.
Le parcours était sauvage, encastré et fait de grosses vasques profondes taillées dans la roche. Je connais très bien le secteur mais ces premières sorties de pêche me permettent de reprendre mes marques, de repérer les pierres branlantes, les arbres fragiles et les accès bouleversés.
Je venais de finir de manger sur une magnifique dalle de granit en surplomb de la rivière. Les restes remisés dans le sac et me voilà reparti vers ma quête.
Une roche à forte déclivité descendait vers une marche à fleur d’eau. Habituellement je me laissais glisser pour atterrir sur la margelle et d’un bon je sautais sur une roche au milieu de l’eau pour finir sur l’autre berge. Un numéro bien huilé et maintes fois réussi.
Mais ce jour là…Un niveau d’eau important, une dalle humide et glissante… magnifique gobage que ma chute.
J’ai pied…mais je glisse…mais j’ai pied…mais je glisse…mais j’ai plus pied…et je coule. Juste le temps de jeter la canne sur la berge, de réviser rapidement la théorie d’Archimède et de m’apercevoir que ça flotte. Mais faut garder son calme. Juste deux mètres jusqu’à la berge, deux fois rien en vérité mais deux fois plus qu’un mètre tout de même.
Boudiou qu’elle est froide. L’eau glacée avait remplis les waders. Par chance il faisait beau. Petit strip-tease au soleil, les vêtements à sécher sur les rochers. La voiture n’est pas trop loin…on va rentrer maintenant…la saison ne fait que commencer, les ennuis aussi.
Les torrents et rivières du sud de l’Ardèche sont de type cévenol, c'est-à-dire sujets à de grosses crues rapides, intenses et dévastatrices. Sur certains secteurs le cours de ces rivières peut être totalement modifié entre la fin de la saison et le début de la suivante.
Le Lignon Ardéchois est une de ces rivières. Descendant du versant Nord du massif du Tanargue, de la station de ski de La Croix de Bauzon, il n’est pas rare de pêcher les cailloux d’un bras mort sur ce qui l’année précédente était un magnifique radier.
Je connais un petit parcours sympa dans le village de La Souche, éloigné de la route et malgré tout assez facile d’accès. Je me gare en bout de chemin, une petite marche facile pendant un quart d’heure et pour la suite…je ne vais pas non plus vous donner le prénom de chaque truite…
La période de fermeture avait due être redoutable pour les niveaux d’eau. Le lit s’était élargi, les bordures semblaient fragiles par endroits. Les truites quant à elles étaient joueuses, petites mais joueuses…mais petites.
C’est une pêche rapide où l’on saute de vasque en vasque, s’attardant sur les radiers. A cet endroit la rivière se séparait en deux petits bras dont l’un, sur la droite partait dans un sous bois. Mais ça, c’était l’année dernière car là il n’y avait ni eau ni sous bois…rien que du minéral.
Désespéré, je saute sur le gros rocher plat à un mètre sous moi pour me rapprocher du lit. Réception toute en souplesse, comme un félin. Puis une sensation bizarre, comme un corps qui chavire. Et le parpaing de prés d’une tonne qui part à la baille…je le suis…
Non, non ça va merci…Tout blanc, les pieds dans l’eau, mal à la hanche et l’amour propre en berne, j’ai mis bien 10mn à m’en remettre. La peur, la douleur et un film catastrophe que je revoyais sans cesse. Vous savez, celui où un pêcheur ardéchois poissard fini écrasé sous une roche.
La cru avait creusée sous la roche et malgré mon poids plume (si, si) ma vie a basculé.
Une vie de moins pour le Chat Noir et un gros bleu sur la hanche pendant quelques semaines.
Cela aurait pu être pire … J’ai la sale habitude de partir à la pêche tout seul. Un pêcheur solitaire ? … pas spécialement. Ce n’est pas non plus qu’on me fuit. Juste un concours de circonstances. Mon activité professionnelle fait que je pêche souvent en semaine, pendant que les autres travaillent… qu’ils disent…
Et en cas d’accident, j’attends que ça passe car si je devais attendre un pêcheur, certaines fois…
Je n’étais pas très loin de la civilisation. Mais dans certaines contrées, la civilisation n’est là que pour les vacances. En villégiature qu’ils disent…et ce jour là, elles étaient encore loin les vacances.
Je pêchais comme d’habitude, petits sauts, grands sauts, bonnes réceptions. La classe.
Des gros blocs de granit, des saillies dans la roche, des cascades et des chutes.
Pourquoi faut-il que le vocabulaire lié à la rivière soit aussi évocateur…cascade et chute ?
L’eau passée par-dessus le bloc qui se présentait face à moi. Les semelles de feutre n’en feraient qu’une bouchée. Mouais !! Cela devait faire quelques années que l’eau dégueulait sur la roche. Bien moussue, je trouve.
Belle figure en vérité. Les spécialistes y verraient sans doute une triple boucle piquée arrière…c’est sans doute là où j'ai fait la différence !
Une canne qui virevolte dans les airs, un pêcheur qui s’écrase lamentablement et se réceptionne comme il peut. Et sur cette cascade là, il ne peut pas grand-chose, pauvre pêcheur. Mais les juges apprécièrent. 6.0-5.9-5.9-5.8 et un petit 5.6 pour le juge français. Nul n’est prophète…
De telles notes me laissent sans réaction pendant quelques secondes. Un trou noir, ou blanc, je ne sais plus très bien. Comme une sale envie de gerber mon 4h qui datait de la veille. Les jambes tremblantes, les sueurs froides, mais froides. Ça ne va pas fort madame l’infirmière.
… Un ange passe…
Voyant que je n’intéressais personne, je décide de me remettre, lentement, un peu, juste un peu. Et le temps passe et de l’eau coule sous les ponts. Je la vois passer.
Et si je reprenais ma partie de pêche là où je l’avais laissée.
Flagada, pas bien chaud. Ah si, j’ai chaud au coude. Juste une sensation. Je porte ma main machinalement vers mon coude. Bizarre ce bout de chair qui pendouille, et ce liquide rouge, qu’est-ce dont ???
J’avais le coude éclaté, en sang, mais bizarrement j’allais de mieux en mieux. Hors de question de m’arrêter là. Un chiffon dans mon gilet de pêche fera un bon pansement après un nettoyage naturel à l'eau. De toutes façon, je n'avais pas le choix, dans de telles circonstances c'était Hôpital de brousse plutôt qu' Hôpital Debrousse.
Malgré tout la fin de partie fut difficile, douloureuse pour l’articulation du coude droit d’un droitier maladroit.
Je ne passerai jamais de radio, je savais de quoi il en retournait. Une petite boule au coude pendant quelques semaines…les spécialistes appellent ça un hygroma.
Ils auraient sans doute trouvé une fracture. Ils auraient sans doute voulu m’opérer et je leur aurais sans doute dit NON…dans le meilleur des cas. Ils m’auraient rétorqué qu’un jour je le regretterai. Mais le poisson était mordeur …
En attendant, demain je retournerais à la pêche. c'est bientôt l'ouverture de l'ombre ….
La période qui précède l'ouverture de ce poisson magique a parfois de bons cotés … surtout sur la Sorgues.
Le wading y est interdit jusqu'à la date d'ouverture de l'ombre, et donc quand tu te trompes de date, t’es peinard à patauger seul dans l’eau. Dans mon esprit, le wading était ouvert depuis le samedi, on était vendredi…mais voilà, à cause de la sécheresse de l’année précédente, ils avaient décalé l’ouverture sur la Sorgues d’une semaine. C’est ce que m’expliquera le pêcheur sympa qui se foutait gentiment de moi en me voyant faire mes ablutions en waders. Certes, j’ai eu rapidement un gros doute. Personne dans l’eau à cette époque là de l’année, bizarre autant qu’étrange. Je ne m’étais pas trop éloigné de la berge, par instinct. De toute façon je n’étais plus à une connerie prés.
Mais ça changeait tous mes plans pour la journée. D’abord enlever les waders. C’est tellement sympa de pêcher en baskets le long de la route. Mais une fois la matinée passée, il faut se bouger. Petit café à la terrasse de la Guinguette à lorgner les gobages devenus inaccessibles et un petit viron vers le no-kill, puisque de toute façon on n’y a pas droit au wading quelque soit la période
Les poissons étaient dehors, quelques ombres à ne pas embêter… puisque c’était fermé…et une belle truite qui nymphait. Une petite imitation de rhyaco et vogue la galère.
Je lance, bien, bonne dérive, bien, elle décale…ben merde, premier passage. J’y crois pas, elle a pris la première nymphe que je lui propose au premier passage. D’habitude il fallait changer de nymphe, réduire le diamètre du fil, attendre qu’elle ressorte car le lancer en vrac l’avait effrayée et finalement jeter des pierres de dépit. Et là Madame prend au premier passage.
Je la ferre malgré tout. Petit combat entre amis à travers les renoncules naissantes et rapidement j’ai la possibilité de la mettre à la filoche. Mouais, il est bien court le manche, mon bras aussi…je m’avance au maximum sur la berge. Toujours trop court. Ah ! cette pierre plate au bord me fera gagner les quelques centimètres qu’il me manque. Dés la prise de contact je compris qu’il y avait méprise. Confondre une pierre plate et un bois mort, c’est pas bien. Autant un tronc, j’aurais pu sauver les apparences, mais un simple rondin flottant sur la tranche…
Eh un homme à la mer, un. Puisque je suis dans l’eau, autant décrocher le poisson tranquillement. Pas trop quand même…l’eau de la Sorgue est rarement au dessus des 15°. Bien frais pour un mois de mai.
On va peut-être en rester là pour cette fois…
Il est arrivé une aventure similaire à un de mes amis sur une rivière ardéchoise. Mais le rondin de bois était un castor…imaginez la scène !
Nous venions de garer la voiture en bord de route, la fameuse route de la spéciale du Moulinon du Rallye de Monte-Carlo.
N'insistez pas, il est hors de question que je vous indique le nom de cette rivière. Mais que l’Auzène était belle à cette époque…hein…mais non je l’ai pas dit.
Cette rivière est souvent bordée par des prairies, même dans les endroits les plus encastrés. Et il y en a des coins scabreux sur l’Auzène…(mais non je l’ai pas dit…pfff).
On venait de quitter la voiture et de descendre le pré pour longer la rivière jusqu’au virage plus bas et 50m en dessous, le nouveau pont, tout en bois. La passerelle en bois d’Ajoux. Bel ouvrage…pour quelques randonneurs en rang d’oignon.
Heureusement, les pêcheurs l’utilisaient. Et nous aurions du l’emprunter si des baigneurs n’avaient pas fait trempette dessous. Tant pis, on va remonter un peu…et nous voilà repartis en direction de la voiture à discuter, papoter à travers le pré.
« Non, là ça descend pas…là non plus… »
Pas grave, ça doit passer au niveau de la petite retenue. D’habitude on la prend par l’autre berge, mais bon…Allez, je passe devant. Et nous voilà gambadant à travers les genets en fleur.
Ça sent bon les genets en fleurs, et ça attire les abeilles…et j’ai horreur des abeilles, abeillophobe… (non ne sortez pas le dictionnaire, c’est apiphobe ) je perds mes moyens au moindre BZzzz dans les oreilles. Pour donner le change, je parle, de tout, de rien, tout en faisant des grands gestes plus pour éloigner les pauvres hyménoptères que pour argumenter la discussion. Mon cousin ne me regarde même plus, ne m’écoutant qu’à peine…et nous continuons à nous enfoncer dans les genets.
La rivière n’est plus qu’à 2 ou 3 m quand tout à coup…une coupure, comme un jour de grève à la télé. Plus d’image ni de son !
Imagines toi discutant avec quelqu’un qui marche à coté de toi et qui tout à coup disparaît…pfffftttt…David Cooperfield l’a rêvé…moi je l’ai fait !
J’étais tellement obnubilé par les abeilles que je n’ai pas regardé où je mettais les pieds. Les anciens avaient l’habitude de mettre des murs en pierres sèches de partout…même au milieu des genets. Deux bons mètres de chute libre heureusement amortie par les branches.
En imaginant le spectacle j’étais mort de rire au pied du mur. Mon cousin aussi, ah ! le malheur des uns… Certes j’aurais pu me casser quelque chose, où m’empaler sur une branche, c’est tellement cassant le genet, mais le sketch était vraiment comique.
Et si on partait à la pêche… entre 2 éclats de rire.
Et si on descendait de la montagne…pour tremper le fil…de l’histoire dans le Rhône. Les rivières de montagne sont dangeureuses, mais là, il faut l’avouer, la force tranquille du grand fleuve mérite le respect. C’est le repère des sandres, donc poisson mort manié au menu.
A cette époque je faisais parti du bureau d’une association de pêche, et tous les dimanches nous sortions pêcher ensemble. Franches parties de rigolade. Nous nous retrouvions une dizaine depuis le matin à squatter les berges du Rhône entre les barrages de Rochemaure et de St Montan.
Ce dimanche là, le Rhône était gonflé des pluies d’hiver, la blanchaille venait trouver refuge dans la confluence sous le barrage de Rochemaure. Les sandres suivaient pas loin…les pêcheurs leurs emboîtaient le pas.
Comme souvent dans la région, le vent décornait les boeufs à m’en faire perdre les cheveux. Pas toujours facile de pêcher dans ces conditions. Chevrotine de 10gr, lancer plein amont pour un contact avec l’eau plein aval…chercher l’erreur. Allez, chevrotine de 20gr…fatalement tu fais connaissance avec les rochers du fond. Ça devient vite énervant l’histoire. Au moment du lancer, le vent prend ta bannière pour la coller dans les joncs derrière toi. Restons Zen. Et un nouvel accroc avec le fond.
Là c’en est trop. Je donne un grand coup de sauvage pour décrocher. La tresse se tend de colère. Des images de bris de cannes me reviennent à l’esprit…mais trop tard, le geste est parti. Finalement pas de bruit sec mais plutôt un sifflement sans doute amplifié par le vent. J’ai juste le temps de baisser la tête pour éviter l’ablette armée de 2 magnifiques triples qui tel un exocet téléguidé en voulait à mon bonnet. Le poisson va se fixer dans les joncs. J’ai beau tirer, rien ne vient. Excédé à bout de nerf j’empoigne le leurre à pleine main pour l’arracher des bras des joncs…oups…grave erreur. Un des triples est toujours planté dans le végétal tandis que l’autre, mort de rire s’est enfiché dans mon pouce. Même pas mal…quand je ne bouge pas. Mais je ne vais pas rester scotché là le reste de la journée. D’abord se désolidariser du jonc. Pas facile car dés que je bouge le second triple ça fait très très mal. En un coup de ciseau je me sépare du siamois. Le plus dur reste à faire…le second hameçon. J’ai beau me dire « un bon coup sec et ça ira » ben ça ne va pas du tout. Trop douloureux.
Je retourne vers les collègues en leurs montrant le trophée. La solidarité entre pêcheurs n’est plus ce qu’elle était. Ils sont tous écroulés de rire. Entre 2 spasmes il y en a bien un qui réussi à m’expliquer qu’on ferait bien d’aller aux Urgences.
Ben voyons. Sur Montélimar tu as 2 alternatives les dimanches, les Urgences de l'hôpital et un dimanche après midi c’est 3 à 4 heures d’attente avec mon hameçon sur le doigt, à regarder passer les sportifs amochés ou la Clinique…celle où je suis infirmier…je serai beaucoup moins crédible lundi au boulot !
Devant mon désarrois le garde pêche me propose un deal : « Si t’es courageux je peux te l’enlever avec une pince coupante, j’ai ma trousse à outils dans l’auto. »
Et ton CAP de chirurgie générale ?
Allez…top là…NON PAS LÁ ça fait mal. Et le voilà parti à son C15 récupérer son matériel de chirurgie.
-On a pas d’alcool…
-Mais si, il reste du vin…c’est juste pour boire
Faut pas gâcher tout de même.
L’intervention ne durera pas longtemps. D’abord faire ressortir la pointe complètement….puis couper avec une pince à ras la peau…puis ressortir la hampe…
Je faisais beaucoup moins le malin, pas fier du tout, plutôt à la limite de l’anesthésie générale. Un dur moment à passer, un long moment de solitude aussi.
Mais lundi je pourrais promenais ma petite fierté dans les couloirs de la clinique à exhiber ma poupée au doigt. Je leur raconterai un truc incroyable auquel personne n'adhérera.
L’honneur est sauf, mais je ferais mieux d’écraser mes ardillons.
La pêche est donc une activité physique, mais elle nous permet de garder le contact avec la nature.
Et la rivière est une des écoles de la vie.
Heureux l’élève qui, comme la rivière, peut suivre son court sans quitter son lit.
Chanceux est le pêcheur. Arpenter les berges et pouvoir observer la nature.
J’ai commencé la pêche tout gamin, et comme beaucoup, au vers.
Quand un jour on m’a dit : « Pourquoi tu n’essaies pas la pêche à la mouche. », nombreuses étaient les excuses pour ne pas me lancer. Drôle d’image que je me faisais de cette pêche et des moucheurs. Mais franchement, drôle d’idée que de vouloir me faire pêcher à la mouche dans MES petits ruisseaux ardéchois, y’a pas de gobage, y’a même pas d’éclosion… Et puis y’a pas de place.
Mais je ne voyais que ce que je voulais bien voir … des eaux troubles, des gros rochers, des bordures creuses et parfois des envols de fourmis.
Puis finalement, j’y suis tombé dedans, d’abord les pieds, puis les genoux pour y finir jusqu’au cou.
Et progressivement il y a eu de plus en plus d’éclosions, puis les truites se sont mises à gober, puis elles ont pris mes mouches, d’abord le riquettes puis les plus grosses. J’ai même vu ma rivière s'élargir pour laisser passer plus facilement ma soie entre les arbres.
Je voyais la rivière de manière différente. Je n’étais plus simple pêcheur, je faisais partie du tableau, en harmonie avec la nature. Comme un éveil des sens qui permet de découvrir la Vie, de l’observer et de faire des rencontres magiques…avec la vie des animaux.
On a tous croisé des chevreuils, des lièvres, des sangliers (presque un animal domestique en Ardéche). Je dois avouer avoir été chanceux dans ce genre de rencontre.
Le lièvre qui détalle dans un lacet et prend la pente…pour m’attendre et regarder passer la voiture le lacet suivant assis tranquillement sur son petit popotin histoire de me narguer.
Le sanglier qui traverse la route devant l'auto et fait immédiatement demi tour après avoir heurté une clôture électrique, m’obligeant à piler.
Le blaireau qui fouille le caniveau pendant que je m'équipe.
L’écureuil qui saute de branche en branche, puis d’arbre en arbre après m’avoir vu.
Les ânes qui viennent me donner des coups de museau jusqu’à me pousser dans l’eau.
Sans oublier mes amis hyménoptères, les guêpes, frelons, l’abeille posé sur la roche où j’allais mettre la main, le bourdon assommé avec la canne en fouettant et qui termine son vol dans les waders en insistant pour me faire comprendre que, contrairement à une idée reçue, il pique.
Et aussi les reptiles qui le plus souvent me font plus sursauter que réellement peur, quoique, ce couple de couleuvres de plus d’un mètre en pleine parade nuptiale m’avait fait changé de rive…courageux mais pas téméraire, et ce serpent lové dans une fente de roche m’avait bien fait lâcher prise alors que j’escaladais une petite paroi.
De simple rencontre comme tant de pêcheurs ont dû en faire.
Et puis il y a les rencontres d’exceptions, des histoires à part entières, des trucs où il faudrait ajouter à la fin du récit…
« je te jure que c’est vrai » …
La rivière de mes débuts est magnifique. Perdue dans une contre vallée de La Beaume, souvent loin de la route et très encastrée. En semaine les rencontres sont très rares…et c’est tant mieux.
Je pêchais depuis quelques heures. Aucun bruit de civilisation ne venait troubler ma concentration. Juste le glou-glou de l’eau, parfois le sifflement strident d’une buse en chasse ou le bourdonnement d’une de ces sales bestioles que j’affectionne tant.
Mais depuis une dizaine de minutes un chien aboyait au loin. J’avais l’impression qu’il approchait. Les aboiements devenaient continus…comme un chien qui mène derrière un cochon. Mais la chasse était fermée !
Je continuais ma pêche, d’abord comme d’habitude, puis le temps passant, en donnant machinalement un coup d’œil derrière moi.
J’avais déjà connu quelques désagréments avec les chiens, en traversant des propriétés ou en suivant des chemins. Jamais de coup de crocs, mais je m’étais dit qu’un bout de sucre dans le gilet pourrait servir. Ça avait été le cas…lors d’une fringale. Son successeur fut oublié lors de l’inter-saison…pour réapparaître tout gluant après un bain. J’avais finalement abandonné l’idée.
Et là, j’avais des regrets. Ça devenait sérieux. IL approchait.
Je me retournais de manière régulière, toutes les 4 secondes !!! facile de pêcher ainsi…quand tout à coup…la bête…
Elle surgit à 50 m derrière moi. C’était un grand chien, 80cm au garrot, du genre pas vraiment beau, plein de poils collés et noués comme un rasta, d’un blanc pisseux presque jaune. Sa langue pendouillait de la gueule, quelque peu assoiffée. J’avais du mal à voir ces yeux cachés par une frange noirâtre. D’ailleurs était-ce important de les voir ?
Il s'approchait en gambadant dans l’eau, s’arrêtant régulièrement pour boire. Il remuait la queue. Il avait l’air heureux…plus que moi.
Pendant 5 bonnes minutes il resta à distance respectable, sans doute pas plus rassuré que moi. Pour me donner du courage je me remis à la pêche. Pas facile de surveiller la mouche d’un œil, le chien de l’autre !
Rapidement il se retrouva 5 m juste derrière moi…toujours aussi heureux. Ces pattes étaient ensanglantées au niveau des coussinets, blessés par des heures de marche…et il puait… Il avait du être chien de berger en d’autre temps, mais avec une telle odeur il s’était recyclé dans le gardiennage des boucs.
On fit connaissance. Sympa, joyeux, heureux de vivre et attachant mais attachant…
Il dû comprendre que son odeur me gênait car, plein d’allégresse, il se jeta dans le trou d’eau où je pêchais. Il avait l’air d’aimer ça. Je changeai de trou et continuai à pêcher. Je pensais le ramener jusqu’à la route afin qu’il puisse retrouver son chemin…s’il s’était vraiment perdu.
Il sortit de l’eau, s’ébroua à mes cotés. Les gestes même gracieux du pêcheur à la mouche semblaient l’inquiéter.
Il me regarda en inclinant la tête, poussa un aboiement bref, l’air de dire : « on s’est bien amusé » puis traversa la rivière en prenant soin de me casser une dernière fois le coup. Je le suivis des yeux pendant 200m sur le sentier qui remonté vers un hameau. Il se retourna une dernière fois avant de disparaître.
J’étais presque triste d’avoir perdu un copain de pêche.
Etait ce un de ces chiens de chasse qui traque le sanglier ???
Ah le sanglier ardéchois…les chasseurs en font tout un plat, les agriculteurs tout un fromage. Moi j’en vois régulièrement…mais je n’en fais pas toute une histoire … mais juste 3 histoires courtes…aujourd’hui, sanglier au menu.
Petit matin en rase campagne. Le soleil n’était pas encore levé et les premières lueurs du jour commençaient à peine à dissiper la brume dans les champs… En clair, on n’y voyait pas grand-chose.
J’avais encore un petit peu la tête dans le…sac et conduire à la pointe du jour n’était pas fait pour m’éveiller.
Je n’étais plus très loin de mon lieu de pêche. Au bout du droit, quelques chiens m’attendaient dans le champ.
Quelques chiens ??? Pourquoi quelques chiens ?
Sans même m’en rendre compte, j’avais fortement ralenti et je me retrouve à 50m de la meute pratiquement à l’arrêt.
Tu parles d’une meute …
Je me plante au milieu de la route. Ils vont bien finir par s’arrêter de défiler. J’ai eu tout le loisir de compter 25 sangliers, de tous ages, traversant tranquillement la route pour aller rejoindre le ruisseau en contrebas.
Certains m’ont même regardé, comme si on s’était déjà croisés !!!
Le matin est propice à ce genre de rencontre.
Au cours d’une séance d’habillage, quand le pêcheur se contorsionne afin de rentrer dans les waders, j’entends un bruit derrière moi, comme quelqu’un fouillant dans mes affaires. Rapide coup d’œil … rien … je continue et fais passer victorieusement mes bretelles par-dessus les épaules (et comme d’habitude, les boucles me tapent le front … ça vous le fait aussi !!!).
Je sors la canne du fourreau, monte le moulinet, ferme l’auto sans égarer les clés… et je redescends la rivière par la route comme souvent.
Le bruit est toujours présent. Faisons comme si …
Rapidement, un marcassin me détale dans les pieds, pas bien gros et encore rayé. Il s’arrête 10m devant et se retourne. Moi je suis toujours là … et je m’approche de lui, alors il avance de 10m, mais je m’approche toujours, donc il avance de 10m … Le mouvement perpétuel existe, je l’ai croisé et il a un groin !!!
Un truc me turlupinait tout de même. Un petit rayé comme ça ne doit pas trop s’aventurer loin de sa mère ? Pas tranquille, j’ai tout fait pour le semer. On s’est séparé quand j’ai décidé de rejoindre la rivière … un peu avant l’endroit où je l’avais prévu, sans jamais avoir connu sa mère.
Mais parfois l’après midi …
Comme ce jour caniculaire où nous avions programmé une baignade en ruisseau en famille. Ce n’est pas vraiment mon truc les baignades en eaux froides … quand elles ne sont pas forcées. J’avais donc prévu la canne et les cuissardes et dés que les autres avaient mis les pieds dans l’eau … éclipse totale de l’un !!!
Je pris la route sur 500m pour me laisser 2 bonnes heures de pêche.
Il faisait chaud, très chaud et régulièrement je mouillai la casquette pour refroidir un peu la cafetière. Pendant l’une de mes ablutions je crus entendre une série de PLOUF. Je me retourne … à peine 20m derrière moi, deux magnifiques sangliers, sans doute un couple, buvaient allègrement en semblant jouer dans l’eau. Ils ne m’avaient ni vu, ni senti … comme quoi la légende selon laquelle le chat mouillé sent fort …
Quoi qu’il en soit, par prudence je préférai m’assoir, les regarder et surtout les laisser faire avant qu’ils ne s’éloignent et que je puisse continuer ma partie de pêche.
Encore une histoire de moucheur pas facile à gober …
Vous connaissez ma phobie pour les insectes volants … Paradoxalement, les reptiles de tous poils ne me font même pas peur. Même si ce n’est pas le grand amour non plus. Courageux mais pas téméraire… 2 petites histoires pour garder son sang froid !!!
Les jours où je m’ennuie au bord de l’eau ne sont pas nombreux, mais quand Fanny vient vous chanter son air de bredouille, je me sens prêt à tous pour faire l’intéressant.
Et ce jour là, franchement, je commençais à trouver le temps long. Pas une montée ni même un refus, rien, comme si une volée de cailloux s’était abattue sur la rivière.
Mais devant moi, à quelques mètres, la bête.
Lovée sur une roche, une belle couleuvre prenait le soleil. Pas un monstre, mais 50 cm tout de même. Elle sentit rapidement ma présence et souleva la tête. Sa petite langue fourchue se foutait de moi. Mais la chaleur de la pierre était plus forte que l’envie de fuir. Elle resterait là quoiqu’il arrive… Le réflexe du pêcheur dans ce cas c’est de lui faire peur…mais ma pomme, bourrin moyen, décide de lui faire gober ma mouche. Je passe mon palmer au dessus de sa gueule, pensant que ça la gonflerait rapidement et la ferait décaniller. Elle avait d’autres idées en tête. Un vieux réflexe bestial sans doute, le 3eme cerveau enfouis au fond du crane reptilien. J’en suis pas vraiment fier et je vais sûrement m’attirer les pires reproches, mérités au demeurant, pauvre demeuré, mais ça marche…
Et me voilà donc avec une couleuvre pendue au bout de ma canne, gigotant dans tout les sens … autant elle que moi.
Et là se pose la question fatidique … to kill or no kill ?
J’ai beau me dire que je n’ai pas peur des serpents, que celui-ci n’est pas venimeux, que je peux bien le prendre dans la mains, que mon ardillon est écrasé, que ci, que là … ben non, je peux pas !!!
Alors il faut prendre une résolution…
Mais je peux vous assurer qu’elle n’a pas souffert !
Je n’ira plus exciter le serpent.
Peut être comme moi, vous êtes vous fait couillonner par la goutte d’eau qui tombe du pont…Le gobage perpétuel en quelque sorte.
Mais là, c’est d’un autre gobage illusoire qu’il s’agit.
En remontant un ruisseau, je me trouve derrière un gros bloc. Au moment de passer la tête pour pêcher le trou j’entends un plouf … un gobage ?
Si je me décale, mon ombre va s’allonger sur l’eau. Le bruit est trop net pour que je puisse casser le coup. Je pècherais à l’oreille. Nouvelle technique sans doute mise au point par un ORL !!! 2 ou 3 faux lancers, un poser, j’imagine la dérive … gloups … gobage ? ferrage …ratage !!!
Je relance, même cinéma … 2 fois, 3 fois. Bon ça suffit maintenant. Un vieux pêcheur m’avait dit : « Si la truite ne veut pas de ta mouche, ne changes pas de mouche, changes de truite … » OK vieux sage.
Et au moment de sortir de ma cache pour en avoir le cœur net un nouveau gobage se fait entendre. Je me plante au milieu du courant …et vois une couleuvre de plus d’un mètre en train de se démener avec une truite d’au moins 30cm. Tu parles d’un gobage. Je me précipite dans l’eau pour les séparer, ce qui ne fut pas simple. La truite réussi à fuir sous une pierre et la couleuvre à rejoindre la berge.
Fin du premier acte.
Je continuais ma pêche vers l’amont, mais au retour, par curiosité, je m’arrête au niveau du même trou. La couleuvre avait de nouveau une truite de belle taille enserrée dans ses anneaux.
J’avais voulu influencer la Nature une fois, cette fois ci je la laisserais faire. J’étais fatigué par une journée de pêche. Je me sentais trop las pour disserter avec ce reptile sur les bienfaits du no-kill.
Plus en aval les rencontres difèrent …. J’avais eu quelques déconvenues sur ce parcours dans Valgorges. Pas au niveau de la qualité de la pêche, bien au contraire, mais au niveau de sa surfréquentation. Par plusieurs fois, je m'étais retrouvé avec un pêcheur devant moi sans que je comprenne vraiment comment et la remontée vers le sentier avait été … épuisante. A chaque fois je n'avais remarqué aucune auto … sans doute venait-il d'une des maisons en bord de rivière.
J'y pêchais donc de moins en moins, mais ce matin là, il y avait des voitures garées le long de la route tous les kilomètres. Et arrivé au pont, sous le village, rien. Allez, je me lâche…
Egal à lui même ce parcours. Perdu, varié, poissonneux à souhait. Et parfois un peu sportif… je l'avais presque oublié. Sans doute une autre raison pour lequel je le pêchais moins. Mais est-ce avouable ? Serais-je en train de vieillir ?
Au bout il y a un gros trou circulaire avec une belle chute d'eau. Pour continuer la pêche il faut varapper sur une plate de granit à 45°. Il faut avoir son diplôme de guide de haute montagne et être équipé d'autre chose que de semelle en feutre!!! En clair; j'avais pas envie.
Donc, rebrousser chemin, pour prendre le sentier à culs blancs. Pour les non initiés, petit extrait du Petit Chat-Noir Illustré : "Le cul blanc est une espèces de bipèdes sortant de sa période d'hibernation en juillet-aout pour passer sa journée le cul à l'air à bronzer sur les rochers. Il est à noter que le cul blanc devient cul rouge après quelques heures d'exposition au soleil ! "
A la suite de quoi il faut traverser l'enclos à chevaux … sans être vu pour enfin prendre le chemin.
Ce chemin est magnifique, sinuant à travers une pinède, au frais, avec des odeurs de fraises des bois qui viennent vous titiller les narines …et de temps en temps, un secteur pavé, comme une route de Paris-Roubaix en pleine Ardèche. J’espère qu’il ne leurs prendra pas l’idée de venir goudronner par ici.
En approchant la petite ferme me revient à l’esprit une autre raison pour laquelle je n’aimais pas trop ce secteur … le chien. Mais aujourd’hui sans doute avait-il d’autres chats à fouetter. J’attaque le GR, la voiture n’est plus qu’à ¼ d’heure….
….Bêêê…..Bêêê…..Des chèvres ? 2 chèvres naines longeaient la clôture au dessus du sentier. Elles avaient décidé de m’emboiter le pas et de ne plus me lâcher. Je m’arrête, elles continuent pour se retrouver devant moi, sur le sentier. Une clôture qui ne clôture pas. Trop fort les autochtones !
…Ouarf…ouarf….fait le chien….il ne manquait plus que lui.
Je résume donc la situation. Devant 2 chèvres naines, au milieu un chat noir, derrière un chien. Maintenant redistribuons les rôles. Les chèvres, toutes heureuses d’avoir trouver un copain de jeu, le chien qui surveille les chèvres et moi qui ne demandait rien à personne et qui voulait juste rejoindre la voiture.
J’avance, les chèvres aussi, le chien aboie voyant partir les chèvres, ce qui fait peur aux chèvres qui avancent un peu plus…On ne va pas y arriver comme ça.
Non sans mal je réussis à passer devant les chèvres. Mais elles m’adorent … et me suivent. Le chien croyant que je veux lui piquer ses chèvres aboie beaucoup plus méchamment, ce qui effraie les chèvres qui me repassent devant. Le chien est tout prés … heureusement, il semble plus préoccupé par ces biques que par mes fesses . Pendant 100 mètres je me suis demandé comment j’allais faire entrer 2 chèvres, un chien et un chat dans la voiture !!!
Par bonheur, le GR passe au dessus d’un enclos à brebis. Je grimpe sur un chêne saute par-dessus le grillage et court à travers le pré. Les chèvres n’ont rien compris. Puis le chien reprit le dessus pour ramener tout son petit monde à la maison.
Au bout du pré m’attendaient les brebis….Il fallait juste que j’arrive à enjamber la clôture électrique sans les entraîner avec moi. Pour le coup je n'aurais pas assez de place dans l'auto !!!
La voiture était toute proche.
Il faudra que je teste de nouveau ce parcours dans de bonnes conditions !!!
Il m’arrive de faire des rencontres vraiment bizarres au bord de l’eau. Ou plutôt inattendues.
Je surplombais légèrement la rivière sur un gros rocher granitique et mon regard fut attiré par une grosse masse sombre au fond de l’eau.La rivière n’était pas très profonde à cet endroit. Mais quel poisson !!!
J’avais un reflet du soleil qui me faisait douter. Je m’approchais à pas de sioux. Non, pas possible. Ça ne peut être une truite ? … Trop grosse pour la rivière, trop ventrue. Une carpe ? … Pas aussi haut. J’en avais bien croisé quelques kilomètres plus bas, sur une zone où l’on rencontrait encore des chevesnes, mais si haut … pas possible.
Et ce foutue rayon de soleil qui m’ôtait toute certitude. Allez, quelques mètres encore … Je pourrais tenter un coup de ligne. 12/100 … ça ne devrait pas le faire longtemps …
J’en étais là de mes réflexions halieutiques quand je vis dévaler une belle branche à la surface de l’eau.
Ça avait dû faire fuir le poisson. Je ne voyais plus rien. Je m’approchai pour scruter le fond. Le poisson nageait devant la branche. Il dû m’apercevoir et d’un brusque coup de queue, la bête disparue.
Quelques secondes après une tête poilu émergea, pris sa respiration pour plonger de nouveau en éclaboussant de sa grosse queue plate … Je venais de croiser mon premier castor dans ce secteur.
De ce jour je m’aperçus que beaucoup de troncs étaient rongés. Parfois de très gros, obligeant les propriétaires à abattre l’arbre pour éviter tous dangers.
Mais plus de rencontres du troisième type !!!
Oublié le castor ? Pas tout à fait. L’excuse était trop bonne les jours de bredouille. « c’est pas moi, c’est le castor ». Mais au fond de moi, j’y croyais pas.
Et pourtant, un mauvais jour où ça ne le faisait pas, je le vis réapparaître. Sans doute pas le même car sur un secteur assez distant…
Je pêchais sans conviction depuis plus d’une heure et tout le monde s’en foutait quand j’entendis un gros plouf sur le trou du dessus. Je m’approchais. Il était là, tout prés, les oreilles pointées et il m’attendait. D’un coup de queue il plongea, remonta vers la tête du pool pour franchir le seuil. Je vis émerger la tête sur le trou suivant.
Il me pourrissait les coups depuis plus d’une heure et ça semblait l’amuser, le bougre.
D’un petit sprint je passais sur le trou suivant pour prendre de l’avance. Ce manquement aux règles du jeu lui fit faire demi-tour.
Je pouvais recommencer à toucher du poisson… mais la prochaine bredouille …
L'Espezonnette fait partie de mes rivières ardéchoises préférées. je n'y vais pas souvent dans l'année.Elle est située un peu loin de mes coins habituels, un peu tardive pour la pêche à la mouche et la présence d'ombres communs fait que le wading y est interdit jusqu'en mai.
Quand les truites se mettent à table, c'est un ravissement, même si elles connaissent la chanson. Eau claire, profil pas trop rapide oblige à baisser le diamètre de la pointe tout en allongeant sa longueur… ah les dures lois de la physique.
Mais chacune de mes parties de pêche la haut est un ravissement. Une rivière qui serpente tantôt dans les prés, tantôt entre les mélèzes, à 1000m d'altitude, à peine troublé par le boucan des engins d'extraction d'une carrière de basalte, seule véritable ombre au tableau.
Et il y a surtout la réputation de l'Espezonnette. Dans les années 80 pas une saison ne passée sans qu'une revue halieutique n'écrive un article sur elle. Les plus grands moucheurs y ont usé leurs cuissardes. Cette réputation a sans doute fait croitre la fréquentation, mais surtout les crues successives de la fin de siècle ont mises à mal la population. Mais savoir que je pêche derriere des grands comme R Rocher…
Et il y a les vaches …
Je pêchais un parcours aval à Lesperon, sur la route de l'aérodrôme de Langogne. J'avais préféré garer la voiture bien avant de redescendre sur la rivière afin de prendre le chemin forestier qui descendait vers une usine désafectée. Ce parcours éloigné des sentiers battus était plus calme en semaine.
J'avais pêché toute la journée, faisant quelques belles truites et voyant quelques ombres. Il fallait renter. Mais redescendre le long de la rivière ne m'amusait pas plus que ça. Je décidais donc de couper à travers prés et collines.
Assez fatiguant après une journée de pêche, mais beaucoup plus rapide, malgré quelques clôtures à franchir. Cette dernière semblait électrifiée. Gaffe… J'enlève mon sac à dos, le balance de l'autre coté du fil,quitte ma polaire pour la ceindre autour de la taille et me voila me glissant sous le fil électrique. Tout se passe sans encombre. Le pré redescend vers la ferme, après il faudra remonter vers l'auto par le sentier balisé.
Mais dans l'immédiat j'avais un autre détail à régler.Une armée de vaches laitières m'était partie au train…juste le temps de prendre mes jambes à mon cou. La clôture, vite, mon salut!
Pas le temps d'ôter mon sac. D'une glissade je passe sous le fil. Au moment de me relever, le sac à dos s'accroche à la clôture pour me déséquilibrer vers l'arrière. Mon crane luisant de sueur fait contact. Ça doit être comme ça quand on a une idée derrière la tête.
Les vaches s'étaient arrêtées à une dizaine de mettre pour renifler un chiffon fuschia et violine … MA POLAIRE … ben tant pis. Elles ne semblaient pas prêtes à accepter mon retour.
Je l'aimais bien cette polaire … des vieux souvenirs sans doute.
Ca sent la fin mes chatons. Mais on ne va pas se quitter comme ça
Des coins magnifiques, des poissons magiques, des rencontres exceptionnelles et parfois fort agréables à regarder…comme ces baigneuses se croyant seules dans ces lieux tant isolés. Elles sont vite rentées dans l’eau jusqu’au cou. Mais les eaux sont froide dans nos contrées…J’ai bien ri en entendant leur cri étouffé par le froid.
Ou cette belle estivante qui telle une larmuze, grillait au soleil sur une roche au fond des gorges. Nue comme un ver. J’aurais pu rester à mater pendant des heures qu’elle ne m’aurait même pas vu.
Ou encore cette jeune fille pas du tout effarouchée de voir débarquer un pêcheur. Faut dire que les waders, autant pour la vue que pour l’odeur, c’est un remède à l’amour…un petit échange de sourire… et ce fut tout…
Et puis des rencontres de pêcheurs grace à internet… beaucoup moins excitant que mes baigneuses, beaucoup moins ephémères aussi.
…Vous étiez prévenus, sans doute peu me croyaient.
D’ailleurs, combien d’entre vous doutent encore, me prennent pour un fabulateur, un doux dingue (ceux-là ont sans doute raison !).
Mais souvenez vous qu’un chat a 9 vies… combien m'en reste t'il ???
Les ennuis ne font que commencer…l’ouverture approche…l’aventure continue…On se retrouvera…
Vous serez amenés à croiser un chat noir…un jour…demain, dans un an, mais fatalement ça arrivera…on se rencontrera.
Si un jour il vous arrive une aventure, un truc bizarre, irrationnel, retournez vous. Je ne serai peut-être pas loin derrière.
Alors peut-être le Retour du Chat Noir vous amènera des certitudes.
… à bientôt peut-être …
Coucou miaou !
Coucou Eric …rien compris à l’intallation de l’alboum, mais ça m’a bien fait rire !!!
En ce qui concerne la factrice de sablière, sache que cette histoire me fait toujours
beaucoup rire ! ! et tu l’as raconte tellement bien ! c’est vrai que la polo marchait beaucoup moins bien après ! je l’aimais bien cette voiture, la factrice etait bien aussi, on était bien dedans. Pour le coup de foudre c’était plutôt à Borne, En fait toutes les histoires étaient belles jusqu’à ce que tu nous traites d’abrutis. Dommage on aurait pu faire des rallyes tout les trois sur les petites routes ardechoises
ça te va si bien “abruti71″… que de bons souvenirs.
Y’a plus qu’a attendre les réactions d’Abruti33 ….
Superbes récits qui rappellent tant de souvenirs , on devrait tous le faire , qu’on en rigole encore pendant des années .
Merci de nous avoir fait partager ces moments que nous connaissons tous un jour ou l’autre de toute façon , à bientôt au bord de l’eau !