Bien au delà du bout du monde


Le temps est loin depuis la dernière histoire de pêche que j'ai pu vous raconter … Et comme avec moi rien n'est jamais simple à trop vouloir naviguer entre le second degré et mon plaisirs à manier l’auto-dérision, je vous ramène un compte rendu d'un autre monde … bien au delà du bout du monde …

 


 Depuis le temps qu’Éric et moi nous devions nous faire un petit trip pêche à la mouche … Mais pour diverses raisons ça n'avait jamais pu se faire
Éric, vous le connaissez. Je vous l'avez présenté dans un interview il y a quelque temps déjà. Puis à l'occasion d'une série de repos (pour moi) et d'une annulation de guidage durant une période de calme relatif sur le site des Pêcheurs Ardéchois (pour lui) on a réussi à trouver une date.

 

Dernier calage la veille au soir.
– Bon, à quelle heure demain

– Oh, pas trop tôt, c'est pas la peine
J'adhère totalement, ça va me permettre de dormir un peu.
– 8h30 à Monselgues ?

– …

– Ça te va ?

– Oui, oui …
8h30 à Monselgues ça fait un départ Uzer à 7h30 par le Kangoo Express soit en données corrigées des variations saisonnières un réveil à 7h … Bel effort sur la grasse matinée !!!
– … et on pêche quoi ?

– Comme tu veux. La thines, la Lichechaude …

– Non, j'aurai l'occasion d'y aller seul. Plutôt du sauvage, de l'exotique …

– Ok, le Chassezac ?

– Ok

Et le lendemain matin …

Monselgues.jpg

Quelques photos pendant la montée histoire de profiter de la lumière du levant et un café en arrivant …
Beau temps chaud annoncé. La petite route reliant Monselgues à Pied de Borne est … typique. Apparemment utilisée par une boucle de l'Ardéchoise … des fadas !!! Je situais Monselgues au bout du monde. Grave erreur. Il y existait encore de la géographie bien au delà !!!

On passera repérer le coin, histoire de s'assurer d'être les seuls sur le parcours. Finalement, avec le recul, je reste persuadé qu'on aurait pu oublier cette étape …
Le temps de prendre le pain, un café et le permis de Lozère, nous remontons vers la rivière pour nous habiller. Nous suivrons une béalière qui, par chance, n'était encore pas en eau. J'imagine le même trajet avec un courant de face dans les pattes !!! Au bout de quelques kilomètres Éric décide de plonger vers la rivière à travers la vieille châtaigneraie. Raccourcis connu uniquement de lui et de quelques sangliers égarés …  !!!
Il n’arrêtera pas durant toute la descente de me rappeler de bien regarder  où je mettais les pieds, se gardant bien de me faire les mêmes recommandations pour les mains !!! J'en conclus donc qu'il n'y avait aucune contre indication à tomber les mains en avant dans les bogues de châtaignes. Un oublis qui me hante toujours un mois plus tard … 

Et la rivière dans tout ça ? Comment l'oublier celle là !!! Le Chassezac est magnifique, perdu, loin de tout et même au delà. Un parcours sportif, semait de bûches et d'embuches. La journée se passera à contempler le paysage grandiose, à apprécier le pique nique et à repérer désespérément un gobage. Même un petit … Un capot retentissant !!!

– C'est la première fois que ça m'arrive ici !!!
Il avait juste oublié à qui il avait à faire
– On est presque au bout du parcours. Soit on remonte à la béalière ici, soit on prend un passage un peu plus hard plus loin.
– …
– T'as l'air d'en avoir plein les bottes, on remonte ici et on va voir le bout du parcours par la béalière. Ça vaut le détour.

La remonté n'était pas très ardue. Au bout de 200m je m'interroge
– Tu voulais remonter à quel endroit ?
La rivière me semblait encore bien loin au fond du ravin.
– On y arrive … voilà, c'est là. Tu mets le pied sur la racine, un coup de cul pour te hisser sur la margelle et hop … Dessous, c'est creux, pas d'appui, donc un gros coup de cul plus un coup de rein …

– … Y'a 2 mètre là, non ? Finalement, c'est mieux pas la béalière, je suis pas bien grand !!!

Et au bout de la béalière il y a le bout du bout du monde … C'est magnifique, minéral et aquatique à la fois …

Chassezac1.jpg

Chassezac2.jpg

On s'y sent bien petit …

Chassezac3.jpg

… comme un pêcheur en apesanteur.

Le retour fut sans encombre. Juste un peu long après cette dure journée.

– Ça va ?
– Ouais, pour aller, ça va … c'est pour revenir que c'est dur !!!

Plus de 4km pour le retour, à 2 crampes prés !!! Mais pas plus qu'à l'aller finalement !!!
Ok, je suis pas un grand sportif, j'ai fait mes adieux au sport de haut niveau il y a bien longtemps. A l'époque, j'avais même pris l'initiative de commencer ma carrière par mon jubilé, histoire de gagner du temps. Mais là, ça frisé le parcours commando !!!
Au fin fond de la vallée, juste au bout de la saignée que faisait la béalière, j’aperçus enfin l'auto. La bouteille d'eau ne fit pas un pli. Retour vers la vie …Back to rebirth !!!

Arrivé à Monselgues pour une autre boisson sucrée … puis 2 !!!
– Je suis invité à mangé ce soir, je vais m’arrêter cueillir des jonquilles, ça te dis ?

– Oui, pourquoi pas.
Les jonquilles, ça poussent dans les champs … c'est cool …

A une volée de 4×4 de Monselgues il y a bien un champ.
– Y'a pas l'air d'avoir la moindre trace de jonquilles dans ton quartier !!!

– Mais si … tu vois le piton rocheux la bas au fond ?

– …

– Bin c'est derrière !!!

En effet, il y avait bien un derrière, derrière le piton rocheux.
– Oui, je sais, Françoise me le répète assez, je sais pas faire simple !!!

Faute avouée …

Mes baskets glissaient bien un peu, mais Éric me certifiait que ça craignait rien
– Je t'aurais pas amené là si y'avait le moindre risque …
Pas plutôt fini sa phrase que la roche qu'avait choisi ma main pour assurer le coup bascula dans le vide. 50kg, 200m plus bas dans le ravin …
Il y avait une expression bizarre dans son regard quand il me lança :
– Mais comment tu fais ???

"Bin, c'est qui le chat noir ? " pensais-je sans vraiment oser en rajouter …

On s'en foutait, on avait 2 magnifiques bouquets de jonquilles, on avait passé une super journée et on était bredouille !!!

Eric me fit jurer de ne pas divulguer les finesses du parcours … qu'il soit rassuré …

 … Et je mis 3 jours à m'en remettre …

 


CLIQUEZ SUR UNE PHOTO, c'est tellement plus joli !!!

 

Commentaire

Bien au delà du bout du monde — 10 commentaires

  1. Dommage pour les poissons Thierry mais que d’aventures, bon finalement j’hésite à ce que l’on aille pêcher ensemble en Calousie, y’a beaucoup de cailloiux aussi Chez Calou !!!! A très bientôt

  2. j’avais eu le commentaire audio… ne me manquaient que les images 🙂
    Merci de ce charmant billet.

  3. @ pere castor

    Le texte est piquant 😉 et tes photos du Chassezac sont

    Seule la première est de moi, les 2 autres sont prises par Eric (avec mon apn … et mon traitement !!! )

  4. @LeChat :

    Même si j’aime bien les plans serrés, la présence du ciel dans la tienne apporte indéniablement un plus 😉

    (c’est peut être aussi l’absence du gros truc au milieux qui fait moins tache ) 😎

  5. @[Bleuvague : Merci et content d’avoir pu te rendre à ma façon la joie que m’ont procuré la lecture de tes nouvelles

  6. aucune envie d aller a la peche avec ton pote moi !!! mais quand meme le coin est extraordinaire !

  7. Très jolie, j’adore ces photos, ça me donne envie d’y aller. Je crois que ça va pas tarder.

  8. 🙂
    Vraiment superbe, la difficulté d’accès est récompensée par un endroit magique.
    Malheureusement pas pour moi, alors j’apprécie ce compte rendu.
    Bravo.