Couverture sociale

Chaque événement a son avant, son pendant et son après …. L'avant ça allait. Le vieux bonhomme gérait ces souvenirs comme un jongleur lance ses balles. Toujours plus haut, toujours plus vite, retombant malgré tout toujours dans les mains. L'après … il le vivait avec délectation, avec bonheur. Chaque jour nouveau est un jour de plus. Par contre le pendant !!! Il se rappelait vaguement d'une sensation de malaise, d'une lourdeur sur la poitrine. La douleur le faisait encore grimacer à chacune de ces évocations, comme marquée dans sa mémoire à l'encre indélébile. Puis il y avait ces images furtives d'un corps allongé dans un lit et l'esprit sensé aller avec se demandant s'il n'allait pas mourir. Puis ce corps qui flotte dans un bruit assourdissant et se déplace à toute vitesse … et enfin plus grand chose … d'abord en gris … comme un brouillard qui va en s'épaississant puis en noir. Rideau.

Progressivement ils ont remit la lumière, rajouté un peu de vie. D'abord à doses homéopathiques puis à grand coup de perfusion. Ça grinçait bien encore dans quelques articulations mais les sens s'éveillaient lentement. L'ouïe et tous ces sifflements de machines, le touché et toutes ces petites mains qui le papouillaient qui pour la toilette, qui pour reposer un cathéter … l'odorat lui donna plutôt envie de repartir de l'autre coté mais il n'en fit rien, la vue revenant pratiquement en même temps sur le ravissant minois d'une fée en blouse verte.

– Alors ce voyage en hélico ??? Ça vous a plus ?

Il pensa qu'un baptême de l'air, à son age et ne pas en avoir le moindre souvenir … c'était bien dommage. Quel gachis.

Il tenta de se mettre en position un peu plus assis, un peu plus confortable. Des alarmes le rapelèrent vite à l'ordre. Son pouls s'emballa un peu plus. Il était nu comme un vers sur son lit. Sur la table tronait sa carte vitale, seul objet personnel qui avait suivi son periple. Il s'en saisi et la plaqua sur son sexe par pudeur. L'infirmière cru voir un geste déplacé. Le vieux bonhomme lui adressa son sourire le plus coquin avant de lui répondre.

– Désolé, ils ne m'ont laissé que ça à me mettre ….

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Mon Himalaya

Certes, elle n'est pas très haute, mais ce n'est pas une montagne … ni même très longue, une simple passerelle himalayenne de 339 mètres qui relie Drôme et Ardèche à Rochemaure en lieu et place du vieux pont suspendu depuis longtemps abandonné et enfin rendu aux piétons après tant de décennies.

Ouverte au public pour le 14 juillet, inaugurée en grande pompe fin août, je m'étais promis d'aller y faire quelques photos, une fois la foule estivale passée, mais surtout en attendant les belles lumière et les chaudes couleurs de l'automne.

Pour ça, j'ai été gâté, même si l'automne n'est pas encore totalement installée.

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D'abord une petite séance d'histoire à la lecture des panneaux d'information, passage obligé avant de passer à l'essentiel …

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La traversée à travers le temps, de l'autre coté du fleuve, avec un vent du sud soutenu qui par moment donne à la passerelle des mouvements de roulis à retourner le coeur. J'avais pourtant prévu les filtres gris pour faire des photos "poses longues"…

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Si la lumière est magnifique la couleur du Rhône n'est pas top. Dommage.

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J'ai traité les photos pour moitié en couleur, automne oblige, mais vous pouvez basculer sur ma galerie pour visionner la série traitée en noir et blanc en cliquant sur la dernière photo N&B

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Bonne traversée …

Le Chat Noir, ce drôle d’oiseau migrateur !!!

J'ai vécu pendant des années au crochet des autres, à squatter au sein d'une communauté que j'ai tant aimé … Des journées de délires, de fous rires, de coups de gueule aussi. Puis, avec le temps j'ai fini par prendre un petit studio dans la même copropriété, pas loin de tous, pour y afficher mes photos. On s'embourgeoise vite avec l'âge. Avec les années la communauté a évolué, essoufflement du temps, jusqu'à disparaitre. Je me suis alors aménagé un petit coin dans les combles, pour y écrire au calme et continuer à vivre ma vie …

Cette allégorie, c'est l'histoire de MoucheFr, l'histoire de ses avatars … c'est aussi une partie de mon histoire, celle de mon blog, de ma galerie photo. Ils appellent ça une migration !!! Bonjour la poésie … L'hébergement en tant que sous domaine de MoucheFr n'étant plus possible, nous avons travaillé à une migration comme sous domaine de ma galerie photo,  l’Oeil du Chat Noir. Et, soyons fous, une mutation de DotClear, système de gestion de contenu facile, convivial, libre, communautaire et français vers le poids lourd, WordPress, certes un poil plus hardu mais tellement plus puissant et un peu beaucoup plus anglophone (mais avec une bonne communauté francophone).

Et quelques coups de pinceaux plus tard, le blog du Chat Noir faisait pelage neuf. Si vous lisez cette article, sans doute avez vous été redirigé depuis l'ancienne adresse. Si vous voulez retrouver facilement  le Chat Noir notez sa nouvelle adresse : https://loeilduchatnoir.fr/blog

Et en route pour de nouvelles aventures …

La fin d’une aventure.

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Depuis quelques temps nous savions que la fin était proche. Comme cette vieille personne qui, physiquement semble encore en bonne forme mais dont l’envie de continuer s’effrite jours après jours, Eric, le créateur du forum, le boss comme nous aimions l’appeler d’un ton un peu taquin, avait décidé de mettre fin à l’aventure “Mouche-fr”.

10 ans de forum, 15 ans en comptant les prémices et divagations internet des débuts, ça use. Et si personne ne peut se satisfaire de cette décision, elle reste respectable.

Et du respect, j’en garderai encore longtemps.
Pour Eric qui, quoi qu’en penseront certains, a toujours œuvré pour la communauté et a porté à bout de bras le projet jusqu’au bout.
Pour ces membres, pour leur volonté de partage, parfois dissimulée sous plusieurs couches de délires, mais c’était la signature “Mouche-fr”. On adhérait ou pas … mais on savait où on mettait les pieds.
Pour le concept “Mouche-fr”. Une marque de fabrique, une autre idée de la pêche à la mouche, sans trop de prise de tête, avec des coups de folies, des coups de colère, des coups de gueule … 

Puis il y a les rencontres. L’autre facette d’internet, le coté humain de la bête !!! De vraies amitiés tissées grâce à la toile, mais aussi ces pêcheurs venant en vacances par la haut à travers que j’accompagnais à la découverte de mes rivières ardéchoises avec un réel plaisir partagé.

Et enfin il y a moi !!! ou plutôt Le Chat Noir … Sans Mouche-fr LeChat n’existerait certainement pas. Si vous suivez mes délires sur le net, si vous regardez mes photos, gardez à l’esprit que la légende du Chat Noir s’est faite sur le socle de Mouche-fr.

Et comme l’enfant qui quitte un jour ou l’autre le foyer familial, l’histoire continuera pour moi.

Merci Eric pour cette formidable aventure humaine, merci à ceux qui ont œuvré dans l’ombre pour faire avancer cette grosse machine, merci à l’ensemble des Chmoufrs …

L’envers du décors

L'histoire aurait pu commencer comme dans un épisode d'une vieille série télé des années 70 : les envahisseurs, avec David Vincent … celui qui les a rencontrés. Mais finalement tout fut simple comme un coup de fil d'Eric Ayglon des Pêcheurs Ardéchois …

 

Tu pourrais passer me voir ? J'ai un truc à te proposer …

Un truc ? Quel truc ? Il veut me proposer un abonnement à l'année aux Pêcheurs Ardéchois ? La recette secrète de la crique façon Monselgues ? Une sortie pêche sur le Chassezac, un coin encore plus secret que la dernière fois ? Il m'inquiète le bougre

– Oui, mais encore !!! Insistais-je

-Je préfère t'en parler …

-OK, je suis sur Uzer, je comptais pêcher la Drobie demain. Je monte après …

Pas tranquille Le Chat sur ce coup là. La partie de pêche ne fut finalement qu'un prétexte. Bonne, mauvaise, je n'en sais plus rien. Je ne suis même plus sûr d'avoir pêché la Drobie ce jour là … ni même pêché !!!

-Bon, alors ? C'est quoi ton plan ???

-La boite de prod qui a tourné à Monselgue l'année dernière voudrait remettre ça dans le coin, toujours pour Seasons. Ils cherchent des pêcheurs pour les guider …

-…

-T'en pense quoi ?

-Ils cherchent quoi ? Des pêcheurs ??? Ch'uis pas un pêcheur moi … je pêchouille pour me faire plaisir, pour être avec les copains …

-Ils recherchent un personnage, quelqu'un qui a une histoire, pas un technicien … Réfléchis, mais c'est une expérience sympa …

Bin merdalor !!! Un pêcheur à histoires ??? Pourquoi moi ? Pas envie de passer dans la télé moi !!!

Puis de fils de montage en aiguille de dubbing l'idée fit son chemin jusqu'à l'acceptation.
"Finalement nul besoin d'un ego surdimensionné pour céder aux sirènes de la gloire !!!" semblait me susurrer à l'oreille la petite voix suave …

Quelques temps après vint l'heure des premiers contacts. La rencontre du 1er type.
Par téléphone pour commencer. Ça ressemblait fort à un premier interview, le contenu ne me déplaisait pas, le courant passait …

Allez, je me lance !!!

Puis les premiers mails explicatifs, le synopsis …
"Le reportage mettra en valeur la beauté de l'Ardèche, de ses rivières, la passion de ses pêcheurs pour leurs racines, pour cette terre sauvage, avec des portraits croisés entre la pêche et le terroir. Le tout filmé avec un appareil reflex" … Je n'y étais qu'une petite pièce du puzzle et ça m'allait bien … D'autres séquences nous emmèneraient vers la Borne, l'Espezonnette ou la Loire avec d'autres pêcheurs, d'autres personnages, d'autres histoires …

Puis vint le temps du tournage. J'avais en tête le secteur où pêcher. Je l'avais reconnu une dernière fois quelques jours avant, avec une belle réussite.

La séquence dans laquelle j’apparaîtrai mettrait en valeur la vallée de la Beaume. La rivière, bien entendu mais aussi un vigneron au parcours particulier.
Charpentier reconverti en restaurateur qui reviendra au bâtiment et parallèlement cultivera une vigne au cépage interdit … le Jacquez. Un sacré personnage que j'avais croisé dans sa période restauration !!!

Ces 2 jours de tournage … furent comme d'habitude une véritable histoire vraie … totalement incroyable !!!

J'ai toujours eu l'habitude de ne jamais rien faire comme les autres. Non pas que je le fasse exprès ou que je force ma nature. Non, tout simplement le destin décide pour moi, à sa façon.

Participer à un tournage aurait pu se passer simplement, presque en douceur. On en aurait parlé à demi mot. Une simple anecdote.
Au lieu de ça ce fut une aventure, une succession de petites histoires …

Que les jours qui précédèrent ce tournage me semblèrent longs !!! J'avais donc reconnu le parcours de la séquence une semaine avant. Les truites y étaient, de ça j'en étais sûr. L'équipe de production m'avait contacté pour régler les derniers détails. Tout semblait prêt.
Mais là, on y était. Le jour J.
"Rendez vous au pied de mes vignes" Avez juste précisé Hervé GARNIER, le vigneron qui devait participer à l'interview.

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Drôle d'endroit pour une rencontre !!!
Comme à mon habitude j'étais en avance. Je connaissais le hameau. J'avais même connu Hervé 30 ans plus tôt. Il était au fourneau d'une auberge juste en face. La table était excellente et réputée. Ce fut une tête blanche bien loin de mes souvenirs qui depuis une auto d'un autre age m'accosta rapidement. Le bougre m'avait vu, perché la haut chez lui et m'avait rejoint rapidement, ne reconnaissant pas la voiture.

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-Vous êtes du tournage, me lança t-il.
-Oui, mais pas la production, je suis le pêcheur.
j'avais envie de rajouter "La vedette" mais je m'abstins, par modestie sans aucun doute !!!
Et nous voilà parti à refaire connaissance, à nous remémorer le bon vieux temps jadis, son restaurant, de l'autre coté de la Beaume. Visiblement les souvenirs réciproques étaient à sens unique, mais peu importe, pour moi nous nous connaissions, et de longue.

Didier et Antoine arrivèrent entre deux évocations du passé … L'un avait une formation de journaliste, l'autre était caméraman et tous deux n'avaient d'yeux que pour le magnifique paysage qu'offrait la vallée en ces derniers jours de juin.
Malgré l'heure matinale, les genets nous envoyaient déjà leurs douces senteurs printanières, les bergeronnettes voletaient au dessus des jardins sous l’œil bienveillant d'un milan noir qui planait haut dans le ciel. Seules les cigales manquaient encore au tableau, au grand désespoir de nos parisiens !!!

Les présentations allaient de nouveau bon train avant un rapide briefing sur la journée à venir.
On y était …
Je commençais à me déguiser en parfait pêcheur pendant qu'Antoine montait le matériel. De son coté Didier recadrait une dernière fois Hervé …

"On tourne"

Les séquences s'enchainaient rapidement dans les rangées. Hervé nous racontait sa vigne avec la passion des grands artistes. Une partie de sa vie défilait dans ses mains, à nous présenter des grappes encore rabougries mais qui donneraient, à n'en pas douter, un breuvage onctueux. Je participais, modestement, par des questions de béotien qui semblaient convenir à Didier. 

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En fin de matinée Antoine me fit monter et descendre les faïsses, ces terrasses en pierres sèches qui soutiennent le vignoble.
Les gros plan succédaient aux plans serrés puis les plans larges puis de nouveau les gros plans sur … mes vieilles pompes de wading plus que pourries qui, d’après Antoine, se seraient arrachées à prix d'or chez les meilleurs accessoiristes de studio. 
Après une douzaine d'aller retour je n'en pouvais plus. Mon genoux commençait à demander un temps mort quand Hervé commença à évoquer l'heure du repas. C'était le jour de fermeture du relais de Brison en bas du hameau, l'auberge des 2 Aygues, à quelques kilomètres de là n'ouvrirait que la semaine prochaine, quand au snack de la Croix de Rocles, il était fermé depuis la fin du weekend … Mes parisiens regrettaient déjà les difficultés de MacDo dans la pénétration de l'économie locale …
Ils ne le savaient pas encore, mais la malédiction du Chat Noir frapperait même à l'heure du repas !!!

Il fallait s'y résoudre, tout était fermé. Pas moyen de trouver un endroit pour manger. Finalement nous nous poserons sous l'abri de l'entrée de la poste à Rocles … La production avait vraiment bien fait les choses pour ce repas improvisé en mettant les petits plats dans les grands … Ils avaient juste oublié les plats !!!
Un sachet de chips, 4 abricots sans doute nés dans la Drôme et arrachés à leurs familles dés leur plus jeune age, le teint pâle, sans gout. Conduits de force à la Capitale en attendant la rançon ils furent relâché après un dernier voyage vers le sud dans le coffre d'un véhicule de location, toujours aussi pâles, toujours aussi fades…
Et une demie bouteille d'eau pour arroser tout ça.
Pour ma part j'avais prévu, au cas où, un saucisson, une boite de pâté, de vrais abricots fraichement cueillis … Frugal quoi !!!

Première séance de tournage. Je m'habillais. Ils avaient pris les devants en se mettant en position sur le pont de Pied de Bœuf. J'étais en train de me débattre à enfiler mes waders quand j'entendis crier Antoine. Il venait d’apercevoir un castor sous le pont et semblait radieux.
Je lus l’incompréhension sur son visage comme je bougonnai.
-Oui bin c'est pas avec ça qu'on va faire du poisson. Va falloir ruser pour lui passer devant sinon c'est pourri sur 100m !!!

Jamais je ne descendais là pour pêcher sous le pont. Mais entre la caméra en haut et le castor en bas, il fallait la jouer fine. Forcement ils eurent droit à ma première cascade avant le clap de début !!! Petite glissade de 5m sur les fesses agrémentée d'une belle estafilade au poignet …
Arrivé sur la berge je pris le temps de chercher la bête. Il était là, contre la pile du pont, en apnée … Je contournai au large pour ne pas l'effaroucher. La rivière était à moi.
La haut, ils étaient prêts.
-Vas y … avance … pêche … stoppe …

La communication n'était pas terrible. Le bruit du courant, l'écho du pont. Je décidai de le faire à ma façon, à l'inspiration.
Je décrochai mon premier poisson quand j'entendis crier Antoine.
-C'est bon, tu peux y aller … je suis prêt ! Reviens sous le pont.
– Tu l'as eu celle là ?
– … Quoi ?
– Non. Rien !!!

C'était pas gagné …

Si la deuxième prise me permit encore quelques montées, à partir de la quatrième je n'avais plus d'espoir …

Mais le castor était toujours là. Plusieurs fois j'avais vu quelques remous prés de la pile en me retournant et je ne pensais pas le revoir à mon retour. Pourtant arrivé à  une dizaine de mètres de lui il replongea. Je m'assis sur un rocher, tout prés, à l'observer et à attendre qu'il remonte respirer un coup. Cinq minutes plus tard il jouait toujours à Jacques Mayol !!! Je me décidai à reculer d'une douzaine de mètres pour le laisser souffler un peu. Il sortit les narines sans tarder. Antoine se décida à descendre pour filmer. Il m'obligea même à faire bouger la bête avec une grosse branche quand Hector, le castor, repiqua une tête. Ni lui ni moi ne trouvère ça marrant plus longtemps.

Clap de fin, on passe à autre chose …

D'interview en prises de vue en action de pêche, l’après midi passa rapidement … mais sans poisson !!!
-Mais pourquoi tu filme toujours de devant ? Tu fais fuir le poisson !!!
-je préfère, les images sont plus sympas …
-Ah !!! Et tu as de belles images dans la boite ??
-Excellentes …

Ça semblait être l'essentiel. Finalement ça m'allait bien aussi …


Hervé nous attendait, une bouteille à la main. Quelques mots échangés, quelque interview, quelques images encore, quelques verres aussi …

Demain serait un autre jour de pêche.

La levée du corps fut délicate. Mon genoux faisait une fixation sur les montées et descentes successives et répétées de la veille à travers les faïsses.  Comment lutter contre la mémoire sélective d'un genou, fusse t'il de droite ???

Dés l'aube, Hervé, qui en plus d'être vigneron avait son brevet de pilote d'ULM (oui, je sais, les deux activités ne sont pas incompatibles, mais tout de même … ) devait emmener Antoine voler sur les Monts d'Ardèche. Les prises aériennes s'annonçaient délicates au vue de la météo du matin, mais l'idée de les annuler ne fut même pas évoquée.

Je rejoignis Didier aux "chandelles". Un magnifique parcours plus que scabreux au milieu des gorges de La Beaume. Les fous volants devaient passer au dessus de nos têtes dans la matinée, la largeur et l'environnement minéral de cette partie des gorges nous laissaient entrevoir de belles images …
Didier semblait satisfait des prises de vue au milieu des grosses bombes de granit du parcours. Il me faisait raconter mes actions de pêche. j'inventais des ratés ou des décrochés. Je jouais le jeu avec amusement.
Je venais de m'installer en cul de fosse, sur un rocher surplombant le trou quand j'entendis les premiers vrombissements. Des images de film de guerre me revinrent en tête quand Didier partit se mettre à l’abri pour ne pas apparaitre dans le champ. On était en pleine alerte !!!
Tel un pantin, je m'efforçais de produire les plus belles arabesques avec ma soie. Au bout de quatre passages, l'ULM disparut plus au sud pour continuer son périple. Encore quelques plans avant de remonter. Nous avions enfin pu réserver une table à l'auberge. Midi n'était pas loin.

Antoine et Hervé arrivèrent pendant l'apéro. J'étais impatient de savoir si la séquence au dessus des gorges le satisfaisait. La réponse fut cinglante !!!

-Hein … mais on ne t'a pas vu !!!

– …

-Pourquoi tu nous as pas fait des signes ?

J'étais désespéré. Pendant tout le début du tournage il n’arrêtait pas de me répéter "Ne me regarde pas, fais comme si j'étais pas là … " et subitement il aurait fallut que je lui fasse signe alors que je m'étais évertué à pêcher le plus naturellement possible … et ce n'est pas une mince affaire !!!

-Il m'a bien semblé voir ta voiture sur le parking, mais toi … non. Renchérit Hervé tout mielleux.

Finalement je semblais être le plus déçu. Pas de quoi nous couper l’appétit malgré tout.

Les derniers moments de tournage approchaient. L'air était chaud, le soleil radieux. Trop beau pour la pêche mais la lumière était magnifique. Il faut avouer qu'on avait su éviter les heures du zénith en prenant notre temps à table …
Les baigneurs avaient pris possession des plus beaux gours, mais l’expérience d'Antoine lui permettait de trouver rapidement des angles pour les faire oublier.
Les couleurs du coup du soir apparaissaient lentement. Puis les premières émergences d'insectes. Pendant l'interview une mouche de mai me fit loucher. S'en était trop.

-Faut pêcher là. Y'a des insectes partout, ça commence à gober. On parlera plus tard …

-C'est toi l'boss Thierry. Pêche …

Ces dernières images feront parties de mes préférées. Belle lumière, des insectes et une prise en direct …

Le claquement sec du clap de fin me laissait l'impression de me sortir d'un rêve. Ce fut une belle expérience, même si, avec le recul j'aurais pu la jouer différemment … mais aprés visionnage  le résultat me plait.
J'aurais aimé vous présenter la séquence dans son intégralité, mais pour une question de droit … bref, voici un medley que j'ai mis en musique. On m'y voit sans doute trop, mais pour une fois que je me mets en scène … et l'extrait de 15mn où j'apparais : 
https://loeilduchatnoir.fr/blog/?p=148 

Bien entendu, et contrairement aux autres fichiers qui habituellement sont publiés sur mon blog …

 


 

 

 

 

 

 

 

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Dernière partie de pêche avant la fin du monde.

J'ai toujours eu de gros problèmes avec les dates, au point parfois d'oublier l'anniversaire de ma mère !!! Pourtant certaines marquent plus que d'autres …

Je ne sais pas si vous en avez entendu parler, mais la fin du monde c'est pour de suite !!! le 21 décembre 2012 d'aprés quelques mayas bien informés. Imaginer que je ne pourrais plus pêcher me donne envie d'y aller …

Quand j'avais expliqué ça à mes habituels compagnons de pêche, quelques jours avant la date ultime, ils m'avaient regardé avec leurs yeux de merlans qui n'auraient même plus le temps de frire.
-Mais t'as vu l'état du Rhône ?
C'était vrai qu'il frisait une cote apocalyptique.
-J'ai jamais parlais du Rhône. Le carnassier, c'est pas mon truc. Moi, c'est la truite. Lui rétorquai-je en bombant légèrement le torse, ce qui eu pour effet immédiat de faire ressortir mon ventre !!!
-Ah, tu veux aller en réservoir ?
Devoir payer une dernière partie de pêche pour mon dernier jour sur Terre !!! Je trouvais ça tellement déplacé.
-Pas du tout. Je veux monter sur mes rivières à truites, dans mes montagnes …
-Mais la pêche est fermée la haut !!!
-Mais on s'en fout … c'est la fin du monde !!!

Finalement ils avaient tous d'autres choses prévues ce jour là et ce fut en vieux pêcheur solitaire que commença mon dernier jour.
Les routes étaient mauvaises, comme si la DDE voulait éviter du travail inutile à ses employés en ce jour d'apocalypse. Les eaux étaient hautes et froides, mais d'une clarté exceptionnelle. La lumière rasante de ce début d'hiver donnait une touche féerique à ce tableau. C'était beau un dernier jour de pêche.

Il me fallut plusieurs couches de vêtements chauds avant de ne plus ressentir la température qui frisait allègrement les moins cinq degrés. La soie gèlerait certainement dans les anneaux, mais je m'en foutais. Pourtant j'avais eu quelques réticences à sortir ma soie naturelle. Sans doute l'espoir qu'un survivant puisse s'en servir … plus tard … dans quelques siècles.
Pas un gobages, pas un poissons dehors !!! Ça et là sur les gravières quelques taches plus claires me rappelaient que la nature avait fait son office, un dernière fois. Les truites se moquaient pas mal les prédictions mayas et avaient frayé comme d'habitude.
Le froid commençait à me piquer sérieusement les doigts. J'arrivais péniblement au pont de Sarrabache.

Le soleil couchant m'empêchait de les voir. Ils me surveillaient de la haut. Ils avaient eu le temps de prendre position un peu partout sur la rivière.

Quand les gendarmes m'attrapèrent, ils n’eurent que très peu d'efforts à fournir. J'étais transi et mon arrestation fut même une délivrance. Ils me placèrent en cellule de réchauffement, prés du gros poêle à bois, comme on place les ivrognes en cellules de dégrisement, le temps qu'ils décuvent. 

Quelques heures plus tard je dû m'expliquer. Mes histoires de fin du monde, de calendrier maya et de passion pour la pêche ne semblèrent pas les attendrir. Le plus gradé se planta face à moi, de l'autre coté de la table d'interrogatoire, en appui sur ces deux poings. De toutes évidences il allait prendre la parole …
-On a un gros problème Monsieur …
Je m'imaginais déjà devoir passer le restant de mes jours en prison alors que la fin du monde était à la porte de la gendarmerie. Je pourrai certainement négocier encore quelques heures de liberté ? Ça ne bouleverserait pas leurs tableaux d'avancement tout de même  ???
-Bin oui, j'imagine. Et ça ne fait que commencer … Tentai-je sans vraiment savoir où il voulait m'amener.
-On est le 22 décembre … le lendemain du 21 !!! La fin du monde c'était hier. Aujourd'hui c'est le début des ennuis. Vous pêchez en toute illégalité.
C'était pas possible. Foutu problème de date.  Je ne m'étais pas planté d'un jour, même pour le dernier.
Les yeux ronds comme deux mandarines, la bouche grande ouverte comme le tunnel sous la Manche, je restais un long moment sans voix. Je crus voir passer un léger sourire sur les lèvres de l'adjudant chef, jovial grassouillet bien caché derrière son capitaine.

Demain serait un autre jour et ça ne semblait amuser personne.
Je relevai péniblement la tête ….
"Ouais, ok, je me suis trompé de jour …  mais c'est juste une partie de pêche hivernale, c'est pas la fin du monde non plus !!!"

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Sur les plateaux Ardéchois, les dernières rivières sauvages (Extrait)

 

 

 

 

 

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Voici la séquence dans laquelle j'apparais dans le documentaire tourné pour Seasons. Pas encore prêt pour un César ni pour doubler Brad Pitt …

Bon visionnage

Sur les plateaux Ardéchois, les dernières rivières sauvages (Extrait)